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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/232

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que l’ambassadeur pût s’en défendre, en les surprenant, lorsqu’ils seraient à table, sous le prétexte d’aller voir une femme appelée madame Julien, qui logeait dans la même maison.

Dès que l’ambassadeur fut sorti du palais et que nous jugeâmes qu’il était à table, nous allâmes droit à la chambre où le souper était. Nous trouvâmes les convives en train de manger. Votre excellence nous excusera, dit le chevalier de Clairac ; nous allions chez madame Julien, et nous ne l’aurions point soupçonnée d’être ici.

L’ambassadeur, qui ignorait que Clairac fût bien avec sa maîtresse, crut la chose bonnement. Il ne pouvait se dispenser de nous inviter. Asseyez-vous chevalier dit il à Clairac, et mangez un morceau ici avec le marquis. Nous ne nous fîmes pas prier davantage ; nous nous mîmes à table, et bûmes largement à notre ordinaire.

Il y avait cette nuit un bal chez l’ambassadeur d’Angleterre. Nous nous doutions que M. d’Andresel se masquerait avec la petite Varin ; c’était aussi son dessein. Mais ne voulant point être connu, à la fin du repas, il dit à la petite Varin : Je vous ramènerai, quand