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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/307

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religion ; la France rougira à jamais de la journée de la Saint-Barthélémy, et Paris pleurera éternellement le meilleur de ses rois assassiné au milieu de ses enfans.

Pendant que les juges étaient aux opinions, le peuple s’était assemblé en armes dans la place du palais ; il menaçait hautement les magistrats qui oseraient condamner la Cadière. Lorsqu’il apprit l’arrêt, sa fureur ne fut point appaisée ; il voulait qu’on brûlât le père Girard ; il poursuivit le carrosse du premier président, à coups de pierres ; les juges qui avoient été pour lui furent fort heureux de s’enfermer dans leurs maisons. Le peuple reconduisit en triomphe les jansénistes ; on alluma des feux de joie dans toute la ville et, on brûla des figures de paille habillées en jésuites. On fit de pareilles réjouissances, le même jour, à Toulon et à Marseille, où l’on avait envoyé des couriers extraordinaires. La Cadière fut remercier les juges qui avaient été pour elle, suivie de huit ou dix mille personnes.

Cependant le temps où les molinistes devaient reprendre le dessus approchait ; le premier président commandait en Provence. Comme il n’avait pas cru que la chose allât