Aller au contenu

Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Notre prophète n’a jamais condamné personne à mort, à cause de sa religion ; il s’est contenté d’imposer un tribut à ceux qui ne vouloient point embrasser la loi. Regarde toutes les religions ; tu les verras permises et exercées au milieu de la ville impériale avec autant de tranquillité que dans les états de ton prince.

Je viens, continua Osman Effendi à la pluralité des femmes et à la liberté que nous avons d’entretenir plusieurs concubines ; cette maxime que vous condamnez vous autres chrétiens, est aussi ancienne que le monde. Lamech n’épousa-t-il pas deux femmes peu de temps après la création de la terre, c’est-à-dire dès qu’il y eut quelques femmes de plus qu’il n’y avait d’hommes ? Cependant il ne fut pas censuré de Dieu pour une telle conduite. Jacob ne prit-il pas les deux sœurs en mariage dans le même temps, et n’avait-il pas outre cela, des concubines ? David le prophète n’eut-il pas plusieurs femmes ; et, dans les derniers jours de sa vie, qui furent destinés à la pénitence, se fit-il un scrupule de faire choix d’une jeune beauté ? Salomon, le plus sage des rois inspiré de Dieu, n’en fut point abandonné, pour avoir un nombre infini de concubines, mais pour avoir idolâtré par complaisance