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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/119

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tachent plus particulièrement et outre mesure à des enthymèmes étrangers à la rhétorique[1]. On entendra mieux ce que nous voulons dire quand nous l’aurons développé.

XXI. J’appelle syllogismes oratoires et dialectiques ceux sur lesquels nous faisons des lieux. Ceux-ci sont, d’une manière générale, relatifs aux questions de droit, de physique, de politique et à diverses autres questions spéciales. Tel est le lieu sur le plus ou le moins, car on ne pourra pas moins en tirer un syllogisme qu’énoncer un enthymème sur les questions soit juridiques, soit physiques, ou sur n’importe quel sujet ; et, cependant, toutes ces questions différent par l’espèce. Mais les enthymèmes particuliers sont tous ceux que l’on tire de propositions propres à chaque genre et à chaque espèce. Par exemple, il existe, sur la physique, des propositions qui ne fournissent ni enthymèmes, ni syllogisme pour la morale, et, sur la morale, d’autres propositions qui n’en fourniront pas sur la physique. Il en est de même pour toutes les questions. Parmi ces enthymèmes, les uns ne rendront habile en aucun genre, vu qu’ils ne concernent aucun sujet particulier ; quant aux autres (les enthymèmes ni oratoires, ni dialectiques), meilleures seront les propositions que l’on aura choisies et plus, sans que les autres s’en aperçoivent, on traitera d’une science autre que la dialectique et la rhétorique[2]; car, si l’on rencontre des principes, ce ne sera plus de la dialec-

  1. Voir Ch. Thurot, l. c., p. 168.
  2. M. Thurot (l. c., 238) propose une modification du texte qui donnerait au passage ce sens général : Mieux on choisira les propositions spéciales, moins les autres s’apercevront que les propositions employées sont fournies par une science qui n’est pas la rhétorique ni la dialectique.