Aller au contenu

Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

retourner et voir dans quel sens on dirigera l’action, et auquel des deux sens on pliera son droit ou son intérêt ; puis, cela posé, s’en faire l’application.

XI. Il faut encore voir si les circonstances pour lesquelles la loi a été faite ne subsistent plus, tandis que la loi subsiste. On doit faire ressortir cette situation, et c’est par là qu’il faut combattre l’application de la loi.

XII. Mais, si la loi écrite est dans le sens de l’affaire en cause, il faut dire que la formule « juger selon la conscience[1] » n’est pas employée en vue d’un jugement contraire à la loi, mais afin que, si l’on ignore le texte de la loi, il n’y ait pas violation du serment prêté ; que l’on ne recherche pas le bien, pris absolument, mais ce qui est un bien pour soi-même ; qu’il n’y a pas de différence entre la non-existence d’une loi et sa non-application ; que, dans les autres arts, il n’est pas profitable de faire l’habile en dépit de leurs règles, comme, par exemple, si l’on est médecin ; car l’erreur du médecin ne fait pas autant de mal qu’une désobéissance habituelle aux ordres de celui qui a l’autorité ; que prétendre être plus sage que les lois est précisément ce qui est défendu dans une législation recommandable.

Voilà ce qu’il y avait à déterminer, en ce qui concerne les lois.

XIII. Passons aux témoins[2]. Ils sont de deux sortes : les anciens et les actuels. Parmi ces derniers, les uns sont impliqués dans le péril du prévenu, les autres sont hors de cause. J’appelle « témoins anciens » les poètes et les autres personnages connus de toutes sortes dont les opinions sont d’une application mani-

  1. Cp. § 5.
  2. Cp. § 1.