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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/361

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phore, une antithèse, une symétrie, et s’ils comportent une action.

XI. Les images, aussi, comme on l’a dit plus haut [1], sont toujours, à certains égards, des métaphores appréciées ; car elles se tirent toujours de deux termes ; comme la métaphore par analogie. Nous disons, par exemple : « Le bouclier est la coupe de Mars[2] ; » — « un arc est une lyre sans cordes. »

En s’exprimant ainsi, l’on n’emploie pas une métaphore simple ; mais, si l’on dit que l’arc est une lyre, ou que le bouclier est une coupe, la métaphore est simple.

XII. On fait aussi des images de cette manière-ci : par exemple, un joueur de flûte est assimilé à un singe[3], l’œil du myope l’est à une lampe dont la mèche est mouillée. En effet, tous deux se contractent.

XIII. Les images sont heureuses lorsqu’elles renferment une métaphore, car on peut, par assimilation, appeler le bouclier « coupe de Mars », les ruines « haillons d’une maison », Nicérate « un Philoctète mordu par Pratys », assimilation faite par Thrasymaque, voyant Nicérate vaincu par Pratys dans un concours de rapsodie, et qui avait, lui aussi, les cheveux longs et une tenue misérable[4]. C’est surtout dans ces figures que les poètes échouent, s’ils ne les rendent pas bien, fussent-ils appréciés (d’ailleurs) ; j’entends par là s’ils les rendent ainsi :

Il porte des jambes torses comme des branches de persil.
  1. Ch. IV. § 1.
  2. Cp. ci-dessus, ch. IV, § 4.
  3. Sans doute à cause de ses contorsions.
  4. Allusion à Philoctète, piqué par un serpent et, depuis lors, très négligé de sa personne. Cp. Sophocle (Philoctète, vers 267).