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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/362

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Comme Philammon, lorsqu’il se bat avec le ballon de gymnastique[1]

Tous les exemples analogues sont des images ; or les images sont des métaphores, nous l’avons dit souvent.

XIV. Les proverbes aussi sont des métaphores par lesquelles on passe d’une espèce à une autre espèce. Ainsi, que l’on introduise chez soi une chose avec la conviction qu’elle sera bonne, puis, qu’elle tourne en dommage : « C’est comme le lièvre pour le Carpathien, » dira-t-on [2]. En effet, tous deux ont éprouvé ce qu’on vient de dire.

Par quels moyens on peut tenir des propos piquants et à quelles causes ils se rattachent, c’est expliqué à peu près (complètement).

XV. Les hyperboles de bon goût sont aussi des métaphores. Par exemple, on dira d’un homme au visage balafré : « Vous croiriez voir un panier de mûres ». En effet, les meurtrissures sont rouges ; mais, le plus souvent, c’est abusif. La locution « comme ceci et cela » est une hyperbole qui ne diffère que par l’expression. Dans l’exemple :

Comme Philammon se battant avec le ballon de gymnastique…,


vous croiriez que Philammon combat un ballon.

Dans celui-ci :

Il porte des jambes torses, comme des branches de persil,


on croirait qu’il a non pas des jambes, mais des branches de persil torses.

  1. Spengel, sur ce passage, renvoie à Mercurialis, Gymn. II, 4.
  2. Les Carpathiens avaient introduit dans leur île des lièvres dont la reproduction multipliée amena sa dévastation. Cp. Pollux, Onomast., v, 12.