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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/106

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deux mois, elle a été en guerre avec un ennemi implacable, féroce, qui fusillait les prisonniers, qui insultait chaque jour Paris, un ennemi duquel la Commune savait qu’elle n’avait ni grâce, ni merci, ni pitié à attendre. — Eh ! bien, pendant ces deux mois de pleine Révolution, à laquelle ne manquaient ni les provocations, ni les prétextes les plus légitimes, la Commune n’a pas fait tomber une tête, n’a pas fait couler une goutte de sang.

Ici, je ne juge plus. Je n’approuve, ni ne blâme, L’histoire impartiale en main, je constate des faits, sans aucun parti-pris ni pour ni contre.

Pendant ces deux mois, je le répète, la Commune n’a pas ordonné une seule exécution capitale. Elle avait pourtant entre les mains un instrument terrible : — la loi des ôtages, et si les otages sérieux lui manquaient, elle faisait aux avant-postes assez de prisonniers pour leur appliquer la loi du talion, si elle avait voulu. — Elle n’avait aussi qu’à fouiller les maisons de Paris pour y trouver également des adversaires irréconciliables, et plus d’un était dans ses prisons.

Elle ne l’a pas fait, — pas une seule fois !

Non-seulement elle ne l’a pas fait, mais encore, comme témoin présent à tous les actes, à toutes les séances, je dois déclarer, — ce qui m’a d’ailleurs vivement frappé sur le moment même, — que je n’ai jamais vu une réunion d’hommes ayant une telle horreur instinctive ou raisonnée du sang versé, une plus insurmontable antipathie contre la peine de mort.

Je puis en donner plusieurs preuves.

Il en est une que je retrace avec d’autant plus de complaisance qu’elle est restée inconnue,