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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/107

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n’ayant eu d’autres témoins que les acteurs qui ont, sans doute, oublié cette scène, et dont le principal est mort aujourd’hui.

C’était sous la première Commission exécutive, avant le Comité de Salut Public. Quoique je n’en fisse point partie officielle, je prenais part à la plupart de ses travaux et de ses discussions.

Un Jour, nous étions réunis, Delescluze, Félix Pyat et deux autres membres dont je ne me rappelle plus les noms avec certitude, lorsqu’on vînt prévenir la Commission que des gardes nationaux, descendant des avant-postes, demandaient à lui parler. Nous passâmes dans la pièce à côté, où se trouvaient, en effet, quatre gardes nationaux, trois d’un certain âge, un tout jeune ; il pouvait avoir de seize à dix-huit ans.

C’était un beau garçon, figure énergique et expressive, teint pâle, yeux noirs et brillants, traits accentués.

Ces quatre citoyens avaient leurs chassepots tout souillés de la fumée du combat, de même que leur visage, leurs mains et leurs vêtements.

Le plus jeune prit la parole avec une grande exaltation. Il venait, avec ses compagnons, de la porte de Saint-Cloud, où avait eu lieu un vif engagement dans lequel ils avaient fait prisonnier un officier de gendarmerie. Ils avaient voulu le fusiller, séance tenante, mais l’officier fédéré qui commandait s’y était opposé.

— Citoyens, continua-t-il, en s’adressant à Delescluze, nous venons vous demander la mort de cet homme. Il faut qu’il meure. Tous les jours, on nous égorge, on nous assassine froidement. Tous les jours, nos amis tombent à nos côtés. Hier, les gendarmes ont massacré, sous mes