Aller au contenu

Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nale, institution pénible ; mais nécessaire pour réprimer les actes d’indiscipline et les trahisons ; Cluseret avait donc élaboré et soumis à la discussion de l’assemblée un projet de décret donnant la constitution et la pénalité de ces tribunaux extraordinaires. — Comme de juste ; la peine de mort s’y trouvait mentionnée, et cette mention faillit faire repousser le projet. — De tous les bancs de la Commune se manifestèrent des répugnances très-vives à ce sujet. Il fallut invoquer les dangers épouvantables qui nous entouraient, la nécessité suprême d’assurer la discipline et de frapper les traîtres, si nous ne voulions être vaincus, pour arracher un vote favorable.

Encore l’assemblée ne consentit-elle à ce vote qu’en introduisant, dans l’article en question, un amendement portant qu’aucune exécution ne pourrait avoir lieu qu’après avoir été soumise à une Commission de membres de la Commune chargés de réviser le jugement et de soumettre leur rapport à l’assemblée qui déciderait en dernier ressort.

On avouera que ces scrupules, en pleine tempête, au milieu d’une guerre atroce, alors que l’on comptait déjà sur nos bancs des vides faits par les pelotons d’exécution de Versailles, sont caractéristiques ; Ils furent poussés si loin que la cour martiale, présidée par Rossel, ayant prononcé une condamnation à mort contre un officier de la garde nationale, le jugement fut cassé, et la cour martiale ; autant que je puis me le rappeler, dissoute ou remaniée.

Encore une fois, je ne fais ici ni une apothéose, ni une critique. J’enregistre des faits matériels, j’essaye de dégager le véritable esprit de cette assemblée, celui qui domine au-dessus des pa-