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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/111

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roles ou des professions de foi de quelques-uns de ses membres, et qui en donne la caractéristique générale.

Cette caractéristique peut se résumer ainsi : — violence dans le langage ; modération dans les actes !

C’était bien, d’ailleurs, l’image de Paris lui-même !

Quand il fallut organiser les conseils de guerre dans chaque arrondissement par voie élective, car la Commune ne fit jamais de nominations, sauf pour les emplois inférieurs et purement civils, et eut toujours recours au suffrage des intéressés, les mêmes sentiments se firent jour parmi les gardes nationaux. — Je constatai alors qu’un grand nombre des candidats désignés par les gardes refusèrent le mandat, en déclarant qu’ennemis de la peine de mort, ils ne pourraient jamais se décider à l’appliquer. — D’autres, au contraire, refusèrent en s’appuyant sur ce motif qu’ils étaient trop exaltés pour pouvoir répondre de leur impartialité, et qu’ils apporteraient trop de passion dans leurs jugements pour pouvoir accepter la mission de juges[1].

Tel était le peuple, telle était cette armée de la Commune !

Comme l’assemblée qui le représentait, deux sentiments luttaient dans le peuple ; — la colère et l’amour de l’humanité. Sous l’empire de la passion, en face d’une lutte sauvage, il se laissait aller parfois à des menaces terribles, mais, au fond, il appartenait à demain plus qu’à hier, et, quand il s’agissait de passer des paroles aux

  1. Tout ceci est textuel. Comme président des réunions où l’on nomma le conseil de guerre de la quatrième légion, je l’ai entendu de mes oreilles.