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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/113

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bouchées par deux armées, l’allemande, votre alliée, et… l’autre !

À ce peuple ainsi acculé, vous dites :

— « Quoique tu fasses, tu vas périr ! Si l’on te prend les armes à la main, — la mort ! Si tu déposes les armes, — la mort ! Si tu frappes, — la mort ! Si tu implores, — la mort ! De quelque côté que tu tournes les yeux : à droite, à gauche, devant, derrière, en haut, en bas, — la mort ! Tu es non-seulement hors de la loi, mais hors de l’humanité. Ni l’âge, ni le sexe, ne sauraient te sauver, ni toi, ni les tiens. Tu vas mourir, mais avant tu savoureras l’agonie de ta femme, de ta sœur, de ta mère, de tes filles, de tes fils, même au berceau ! On ira, sous tes yeux, prendre le blessé dans l’ambulance pour le hacher à coups de sabre-baïonnette, pour l’assommer à coups de crosse de fusil. On le tirera, vivant, par sa jambe brisée, ou son bras saignant, et on le jettera dans le ruisseau, comme un paquet d’ordures qui hurle et qui souffre[1].

La mort ! La mort ! La mort !

Le Prussien qui fusillait nos francs-tireurs, qui faisait à la France une guerre de race et de conquête, qui se vantait de la tuer, de l’avilir, de la supprimer du rang des nations, on le respectait. Prisonnier, on le nourrissait, plein d’égards. Blessé, on le soignait tendrement. Il n’en voulait qu’à la France ! Il ne représentait que la force brutale au service des haines et des ambitions

  1. Un exemple entre mille, raconté par un témoin oculaire, le chirurgien d’un hospice. Au moment où les Versaillais entrèrent dans l’hôpital, il achevait le pansement d’une cantinière de dix-huit ans, à qui on venait de couper le bras. L’officier versaillais laissa terminer le pansement, puis il fit descendre la jeune fille dans la cour, où on la fusilla sous ses yeux ! — Il y avait du marquis de Sade chez les sauveurs de la société et de la famille.