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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/116

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grisé par une longue bataille, emporté par le désespoir sans nom auquel vous l’aviez réduit, épouvanterait le monde de l’hécatombe des gens auxquels vous ne teniez pas, et dont le massacre vous eût été d’un si grand bénéfice. — Il n’a pas dépendu de vous qu’il n’en fût ainsi, mais du peuple qui, même à ce moment suprême, se détourna des carnages, œuvre de quelques exaltés, poussés peut-être, à leur insu, par vos agents secrets. — Vous ne parvîntes à obtenir que soixante-quatre cadavres, et dans des circonstances telles qu’il est évident qu’on ne saurait en — faire remonter la responsabilité ni à la Commune, ni aux chefs du mouvement, ni aux idées qu’ils représentaient.

À cette heure, en effet, pas une assemblée révolutionnaire, quelque sanguinaire qu’on veuille la supposer, n’eût donné un tel ordre, car ces exécutions, nulles pour le salut matériel, venaient seulement à point pour donner un semblant de prétexté, d’excuse, à vos férocités, car vous attendiez avec angoisse ce filet de sang, pour détourner les yeux de la foule hébétée du fleuve sous lequel vous submergiez Paris.

Le massacre des otages n’a servi, ne pouvait servir qu’à vous. C’est donc vous, encore une fois, qui l’avez accompli. S’il n’a pas eu de plus vastes proportions, c’est le peuple fusillé, mitraillé, égorgé, qu’il faut en remercier, car, pendant ces huit journées de mai, il n’a pas coulé une seule goutte de sang qui ne doive retomber sur vos têtes, — dont votre main ne soit fumante, — dont votre face ne soit éclaboussée.

Vous avez voulu tuer l’idée révolutionnaire, l’enterrer sous les cadavres de vos victimes, et, de peur que cela ne suffit pas, sous les cadavres