Aller au contenu

Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

volonté du peuple, les choses ne s’en trouvaient guère modifiées dans la pratique.

L’Etat parlait au nom du peuple, au lieu de parler au nom de Dieu, cela est vrai ; — on avait transporté du monde métaphysique au monde terrestre la toute-puissance, mais cette toute-puissance avait été respectée. — Qu’il fut oint par le Seigneur, ou mandataire plébiscitaire de la soi-disant Souveraineté nationale, l’Etat, représenté par un homme, ou par une assemblée, n’en avait pas moins les mêmes prérogatives, la même omnipotence. Du moment où le peuple avait dit oui, avec plus ou moins de connaissance de cause, tout était fini entre le Peuple et le Pouvoir.

Le peuple réputé infaillible, tout-puissant, source sacrée de l’autorité, du Droit, avait transmis au Pouvoir tous ses droits, toute son autorité, son omnipotence et son infaillibilité. — L’Etat n’en était donc pas moins séparé de la nation, de la société, n’en était pas moins en dehors d’elle, au-dessus d’elle.

Le vieux respect de l’autorité, la vieille tutelle de quelques-uns sur tous, n’avaient point disparu. Sous d’autres noms, c’était la même chose. — Au lieu de prendre à droite, on avait pris à gauche, mais on était arrivé au même point, et le résultat n’était pas changé.

L’erreur, erreur inévitable, sans doute, avant d’en avoir fait l’expérience, était de croire qu’en modifiant l’investiture du Pouvoir, qu’en substituant le consentement populaire au fatalisme du droit divin, qu’en substituant le mode électif et représentatif au mode aristocratique et héréditaire, on modifiait l’essence du Pouvoir.

Le mal n’est pas que l’Etat agisse au nom de tel ou tel principe, — c’est qu’il soit !