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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/121

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qui prétend gérer mes intérêts, veiller à mon salut, m’enseigner ce que je dois faire, penser et agir en mon lieu et place.

Il ne peut non plus être la justice, ni la vérité : — la justice parce qu’il est le premier des priviléges, parce qu’il fait la loi et l’applique sans la subir ; — la vérité, parce qu’il est fatalement l’image exacte des passions, des lumières, des préjugés et des capacités de ceux en qui il s’est incarné.

Si vous faites des lois, comme on le tente depuis quatre-vingts ans, pour vous protéger contre l’Etat et son omnipotence, vous reconnaissez que vous avez besoin de vous protéger contre lui ! — Qu’est-ce donc alors que ce protecteur contre lequel il faut se protéger ? Et puisqu’il faut vous protéger contre lui, il est donc dangereux ? Mais qui sera chargé d’appliquer ces lois de précaution contre l’Etat ? L’Etat encore, puisque vous lui avez tout confié, tout remis !

Qui ne voit qu’il y a là, en principe, un cercle vicieux ?

En fait, c’est bien pis.

Il y a, quoi qu’on fasse, une logique qui domine tout, et ce qui existe, ce qui a vie tentera toujours par une loi générale, légitime, de développer sa vie, de renverser les obstacles qui le gênent. — L’Etat existe, il veut donc vivre et se développer. — Il luttera donc contre les obstacles que vous dresserez devant lui. Il essaiera de les briser, et comme vous l’avez investi de la force, comme vous êtes désarmés, il y réussira.

La situation étant donnée, le principe étant posé, vous voilà voués aux Révolutions sans fin, comme aux Révolutions stériles.

Ouvrez l’histoire, et depuis quatre-vingts ans,