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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/128

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l’Unité, et cette tentative a toujours abouti à d’horribles désastres après de longues douleurs.

D’où est donc venue cette idée de l’Unité si contraire au génie de l’homme, au libre développement de ses facultés, qui a si souvent arrêté les progrès de la civilisation et sa marche vers l’avenir, et qui n’est au fond que l’application du droit absolu, odieux, de la majorité, droit qui n’est lui-même que la suppression de l’initiative individuelle écrasée par le nombre ?

L’idée de l’Unité, telle qu’on l’a appliquée, telle qu’on l’entend aujourd’hui, est une idée essentiellement religieuse, d’origine chrétienne et catholique. C’est le catholicisme, le christianisme, si l’on préféré, qui a imprime dans les cerveaux l’idéal d’une discipline unique des esprits, et l’Etat, ayant succédé à l’Eglise dans le gouvernement des choses d’ici bas, a conservé précieusement cet idéal qui flattait sa manie d’absorption. — Il en est né, et cette idée est la seule qui puisse paraître justifier sa soi-disante mission.

Un Dieu, un Roi, une Loi, c’est-à-dire là force sous ses trois faces, telle est la trinité sous laquelle l’humanité s’est courbée, et qui a suspendu, puis entravé et finalement rendu si douloureux les progrès de la civilisation.

Le peuple, en France, a peu à peu éliminé les deux premiers fermes de cette équation de la tyrannie : Dieu et le roi ont cessé de peser sur sa conscience, d’enchaîner sa liberté.

J’entends parler naturellement de cette portion du peuple qui pense, qui raisonne, qui agit, et non de cette masse ignorante et indifférente qui reste soumise par habitude, par absence de lumière, à de vieilles superstitions, lesquelles ne disent absolument rien à son intelligence, mais