Aller au contenu

Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle porte, comme elle porte une chemise, parce que c’est l’usage et qu’on lui a dit que cela devait être ainsi.

Le peuple donc ne croit plus en Dieu, ni au roi. La religion et la monarchie, pour lui, ont fini leur temps, la monarchie surtout, qui n’est plus représentée en France que par quelques centaines de polissons affamés de croix, de portefeuilles, de préfectures, de sinécures, de livrées et de bals à la cour.

En dehors de cette tourbe qui flotte au-dessus de la nation, comme l’écume au-dessus d’un baquet, il n’y a plus de royalistes en France, mais il y a des unitaires et des centralisateurs, des adorateurs de l’Etat, du Pouvoir fort, de l’autorité.

On en trouve même parmi les révolutionnaires. — Nés, élevés, au milieu d’une société qui porte l’empreinte chrétienne, leurs esprits se sont coulés dans un certain moule qu’ils n’ont pu briser, et très forts, très audacieux, chaque fois qu’il s’agit de combattre, de renverser le Pouvoir existant, vous les voyez, le lendemain, complètement inertes, désorientés, incapables, suivre l’ornière du Pouvoir qu’ils ont renversé et qu’ils reconstituent avec ardeur. — Ils en tombent impuissants,. s’ils sont honnêtes, ils en adorent tous les vices, s’ils restent au gouvernement. — Pourquoi ? — Parce qu’ils croient à l’Etat, et que, l’Etat étant donné, ils deviennent l’Etat, ou qu’ils attendent de l’Etat des réformes qui sont contraires à l’essence même de l’Etat, que l’Etat ne peut pas plus, leur donner qu’on ne peut donner la lune aux enfants qui la demandent en trépignant.

Cette idée religieuse du Pouvoir fort et centralisateur, cette idée de l’Unité, se justifie à leurs yeux, par cette croyance, mal comprise, dans