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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/137

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Quoique vous fassiez, l’Unité s’appelle la Centralisation, et la Centralisation s’appelle l’autorité — Changez l’étiquette, c’est toujours le despotisme.

Voilà quatre-vingts ans que la démocratie en France joue ce jeu et quatre-vingts ans que, laissant tous les atouts aux mains du Pouvoir, elle est battue, dépouillée, exploitée, volée.

Il n’y a eu qu’un pays qui soit resté libre, et qui aurait pu être démocratique s’il l’avait voulu, en Europe, au milieu de tous les despotismes qui l’entouraient : — C’est le peuple suisse. — Pourquoi ? — A-t-il un génie supérieur ? Non. — Son tempérament est froid et généralement dépourvu d’initiative[1]. Il n’est pas même une personnalité nationale, car il se compose de trois races différentes, parle trois langues, appartient à deux religions. Il est constitué, comme l’Autriche et la Turquie d’Europe, de tronçons de nationalités diverses, qui n’ont, entre elles, aucune sympathie native. Pourtant il a vécu relativement heureux et libre, et il aurait pu être cent fois plus heureux, cent fois plus libre, s’il avait eu plus d’initiative, s’il avait aimé l’égalité sociale comme il aime la liberté politique. — Chez lui trois races ennemies partout ailleurs, deux religions intolérantes, ont vécu en bon accord, et n’ont point empêché le développement d’un esprit de solidarité extrême, d’une véritable et sincère confraternité.

Pourquoi ? — Parce que c’était une Confédération, parce que l’Allemand, le Français, l’Italien, se sont unis par les points qui les touchaient,

  1. Il a, en dehors de cela, de très sérieuses qualités personnelles. Il ne faut pas oublier non plus, que seul en Europe, — avec l’Angleterre, — il a fermement et noblement maintenu son droit d’asile.