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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/18

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tune, la France qui ne l’aimait point, qui le subissait par une vieille habitude de subir tous les gouvernements forts et vainqueurs, l’abandonnait à son tour.

La question n’était donc plus, pour les membres de la Commune, de savoir s’ils étaient plus socialistes ou plus jacobins, si Paris serait gouverné à la façon de la Commune de 92, ou à la façon de la Commune de 71. — La question était de savoir si les Versaillais entreraient ou n’entreraient pas dans Paris. La dessus l’accord étant unanime, il était facile de nous entendre, et, de cette unanimité créant une unité absolue d’action, le salut pouvait encore sortir[1].

Malheureusement il faut revenir ici sur une particularité du caractère français, qui est une vertu souvent, qui souvent aussi est un véritable danger.

Cette particularité, vertu ou défaut, c’est l’optimisme le plus aveugle.

Ainsi que je l’ai déjà dit et répété bien des fois, le Français, le Parisien notamment, ne croit jamais à la défaite, ou, du moins, ne veut jamais la prévoir.

Chaque fois que j’essayai, à la Commune, soit en séance générale, soit en m’adressant individuellement à mes collègues, d’appeler l’attention sur la possibilité de la prise de Paris par les Versaillais, je fus repoussé avec perte, et je reçus des réponses dans le genre de celles-ci :

« Jamais ils n’oseront ! »

  1. En comptant toujours que les Prussiens, secrets alliés du gouvernement Versaillais, n’entreraient pas en ligne le jour où Versailles se serait vu sérieusement menacé de défaite. Mais c’était là une péripétie sur laquelle nous étions sans action. — Nous n’avions pas créé la situation ; nous la subissions, et nous n’avions pas le choix.