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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/19

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Ou bien :

« Qu’ils y entrent ! C’est là que nous les attendons ! »

Ou bien :

« Paris hérissé de barricades sera leur tombeau. C’est là que le peuple de Paris se bat le mieux ! »

« Sans doute, mais les barricades sont-elles faites ? »

« On les fait ! »

M’adressais-je aux hommes de guerre, à ceux qui avaient la responsabilité et la direction des choses militaires, ils me répondaient :

« Paris peut encore tenir deux mois, ainsi nous avons du temps devant nous. »

En insistant, on n’obtenait rien de plus, mais l’on risquait de passer pour un homme qui a peur. Aux yeux de ces enragés optimistes, la prudence, la prévision, le courage de regarder en face la réalité et de ne pas se faire de dangereuses ou d’enfantines illusions, passaient presque pour de la lâcheté.

Au ministère de la guerre, les hommes du métier, c’est-à-dire les hommes de la routine, infatués de préjugés de caserne, ne croyaient pas aux barricades, s’opposaient sourdement à leur création, qu’ils regardaient évidemment comme une sorte d’aveu d’impuissance de leur part ou une marque de défiance contre leur génie militaire, ce qui les humiliait et les rendait hostiles à notre seule chance matérielle de salut.

A la Commune, au contraire, on croyait à l’existence sérieuse d’une Commission des barricades et à son fonctionnement, qui se réduisit à l’édification coûteuse de deux ou trois barri-