Aller au contenu

Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’intérieur, soit à l’extérieur. Nous ne le fîmes pas, jugeant que le moment était mauvais pour de semblables explications, et sachant, d’ailleurs, que les fautes commises étaient soit une erreur de l’esprit, soit un défaut d’intelligence politique, non une absence de bonne volonté.

Dans la réunion où fut arrêté définitivement notre manifeste, on avait lu et discuté trois projets présentés par Jourde, Lefrançais et moi.

Le projet de Jourde fut choisi, comme étant celui qui nous mettait le mieux d’accord. Il avait, en effet, cet avantage d’indiquer en peu de mots et nettement les deux points principaux de notre attitude, sans entrer dans aucun détail.

Il déclarait que nous protestions contre la dictature, contre toute tendance de retour aux traditions autoritaires et archi-gouvernementales du passé, que nous revendiquions la souveraineté absolue du peuple, d’une part ; d’autre part que, loin d’abandonner la cause communale, nous allions porter tous nos efforts contre Versailles, en prenant une part directe, personnelle, au combat, la seule chose importante du moment.

Ceux donc qui nous accusèrent de lâcheté, de songer à « sauver notre peau, » ne nous avaient pas lu, ou mentaient sciemment dans un but de popularité malsaine, peut-être même de simple spéculation commerciale.

La peur ne pouvait avoir inspiré notre résolution, car cette résolution aggravait absolument notre danger personnel. Sans nous protéger contre Versailles, assez intelligent pour comprendre que nous n’étions pas ses adversaires les moins redoutables et les moins indomptables, cette résolution nous exposait à toutes les colères de la majorité.