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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/61

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Je ne nie donc pas les abus qui ont pu se produire, et qui étaient inévitables en pareilles circonstances. Seulement ce que je maintiens, parce que j’en ai la certitude, c’est que ces abus, en pleine Révolution, furent moins nombreux et moins graves que ceux qui se produisent journellement, sous tous les gouvernements habituels, soit qu’ils s’appellent la royauté constitutionnelle, l’empire ou la dictature Versaillaise. Ce que je maintiens encore, c’est que, sous aucun gouvernement, il ne s’était trouvé autant d’exemples de simplicité, de dévouement et de désintéressement, un niveau moral aussi généralement élevé, que pendant ces deux mois.

Durant le temps que je passai à la mairie, au milieu de bien des ennuis, de bien des inquiétudes tragiques, j’eus quelques moments heureux et que je me rappellerai toujours avec joie.

S’il y avait certains décrets de la Commune d’une application difficile, ou impossible, ou pénible, il y en avait d’autres que tout honnête homme, tout bon républicain-socialiste, ne pouvait faire appliquer qu’avec une profonde satisfaction.

Tel fut le décret sur les loyers, malgré les lacunes que j’y ai signalées en leur temps.

Ce décret nous donna beaucoup d’occupations. Les pauvres gens qui en profitèrent, et ils furent nombreux, n’osaient croire à la protection réelle de la loi et ne se servaient de leur droit qu’avec hésitation. D’autre part, les propriétaires habitués à voir tous les privilèges de leur côté, tous les devoirs du côté des locataires, convaincus par une longue pratique et la partialité du Code que les intérêts de leur bourse sont absolument sacrés, au-dessus de toutes les considérations