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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/69

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fient à ces mains sans peur, brunies par le travail, noircies par la poudre. En quelques mots, ils rappellent aux combattants la grandeur de la cause pour laquelle a coulé, coule, coulera tant de sang.

Ils parcourent les rangs, écoutant les réclamations, échangeant les fraternelles poignées de mains. Les tambours battent aux champs, le drapeau se déploie, un cri unanime :

Vive la République !
Vive la Commune !

s’échappe de toutes ces poitrines dont beaucoup, tout à l’heure, ne se soulèveront plus que pour un dernier soupir, la musique entonne la Marseillaise, et les voilà qui partent, vieillards en cheveux blancs, hommes d’âge mûr, jeunes gens enthousiastes, femmes souriantes, vers ce point de la ville où plane une fumée épaisse, sillonnée par des éclairs, où résonnent plus éclatantes, sans relâche, les détonnations meurtrières.

Que de fois mon cœur s’est serré en les voyant s’éloigner ainsi ! Que de fois des larmes ont rempli mes yeux, quand je leur parlais de la victoire due à leurs efforts ! La partie était engagée, il fallait la jouer jusqu’au bout et faire tout ce qui était humainement possible pour la gagner, quoique la victoire devint de plus en plus problématique ; — mais que cela était cruel quelquefois !

Quel est ce nouveau bruit de tambours ? Quels sont ces nouveaux bataillons qui se massent devant l’hôtel de ville, ceux-là ?

Quel aspect différent !

Les homme sont pâles et fatigués. Les vêtements sont couverts de poussière et de boue. Le drapeau pend en lambeaux de long de la hampe.