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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/70

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Les visages ont une expression sévère et triste sans découragement.

Ils sortent de la fournaise !

Ce sont les survivants !

Ils viennent à la Commune lui montrer ce qu’ils ont fait, et lui jurer de recommencer jusqu’à ce que le dernier combattant ait succombé. Pour récompense, ils demandent que leur drapeau aux plaies béantes soit placé dans la salle des séances, ce drapeau dont ils sont fiers, et devant lequel, sur leur passage, la foule s’est découverte, ce drapeau en guenille, blason de leur noblesse révolutionnaire.

La Commune interrompt sa séance et descend en masse au milieu de ces héroïques apôtres de la Bonne nouvelle sociale. On interroge les officiers.

— Combien avez vous perdu d’hommes ?

Hélas ! le total est toujours terrible, et chaque fois, il semble augmenter, car, chaque jour, la lutte se rapproche et devient plus sanglante. — Et ceux qui restent ? — Ceux-là sont prêts à recommencer. Quelques jours de repos, le temps d’embrasser leurs femmes, leurs enfants, leurs vieux pères, et au premier roule--ment de tambour vous les retrouverez.

Entendre, voir cela, et être vaincus !

Du reste, personne ne songeait à cacher le nombre des morts, à jeter un voile sur les pertes, et la Commune agit à cet égard comme aucun gouvernement n’eût osé le faire. C’est que la Commune, malgré toutes ses fautes, malgré toutes ses erreurs, malgré l’incapacité trop flagrante de plusieurs de ses membres, était bien, à certains égards, l’émanation directe du peuple de Paris, et sentit battre toujours son cœur à l’unis-