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Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/59

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versée qui va de 1760 à nos jours, l’abbé Groulx a puisé largement dans les documents déjà connus des historiens et le fonds de plus en plus riche de nos archives nationales.

Il y a bien des manières d’écrire l’histoire. Thucydide, au premier chapitre de sa Guerre du Péloponnèse, se moque des fables d’Hérodote ; les discours de Tite-Live et de son disciple le bon Rollin sont aujourd’hui en défaveur ; au dire de Gaston Boissier et de M. Maurras, Tacite n’aurait été qu’un romantique mécontent, un premier prophète de Guernesey ; M. Albert Thibaudet réhabilite Cléon contre son ennemi personnel Thucydide ; et voici maintenant M. Léon Daudet qui accuse Plutarque d’avoir atrocement calomnié Sylla. M. Groulx n’aura pas davantage contenté tout le monde. Mais ce qu’il faudrait établir, c’est qu’il ait dénaturé ou méconnu les faits. Or, de cela — toujours abstraction faite d’erreurs qui furent celles de tous nos historiens et que M. Groulx, répétons-le, réfute en partie dans ses livres subséquents — nul n’a apporté la moindre preuve. Quoi qu’en aient dit des critiques plus violents que redoutables, en vérité son histoire est bien l’« enquête loyale » dont il parle dans la préface de Vers l’émancipation. — « faite de beaucoup de choix, de beaucoup de divination et d’une absolue probité. » M. Lanctot aura peut-être ému par sa critique des Lendemains de conquête quelques lecteurs de la Revue moderne, mais il est certainement trop malin pour y attacher lui-même une valeur quelconque.