Page:Audet - Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867), 1934.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 30 —

« L’oraison funèbre a été prononcée par le Rév. M. Laflèche, V. G. Son éloquence abondante, mais d’une simplicité pleine de grandeur, était bien en rapport avec la circonstance. C’est, observe la même feuille, le premier éloge funèbre prononcé par un prêtre sur le tombeau d’un citoyen dans la ville de Trois-Rivières.

Nous cueillons ce qui suit dans l’Opinion Publique du 11 décembre 1873.[1]

« L’honorable M. Turcotte eût obtenu de grands succès dans la profession d’avocat s’il eût voulu s’y livrer. Au début de sa carrière, en 1838, étant parvenu à un bref d’habeas corpus en faveur de Célestin Houde, habitant de la Rivière-du-Loup qui s’était compromis dans les troubles de 37, il fut complimenté par le juge Vallières sur la manière dont il avait plaidé cette cause ; or on sait que le juge Vallières s’y entendait en hommes. Mais ça n’est pas là tout ce qu’il retira de son heureux plaidoyer. Célestin Houde, brave cultivateur, conservait toujours une espèce de culte pour son bienfaiteur, et se fit comme un devoir de répandre sa renommée ; c’était l’électeur le plus fidèle, le cabaleur le plus intrépide que Turcotte possédait dans le comté de Saint-Maurice. »

M. Turcotte fut le premier maire de la cité des Trois-Rivières, en 1857. En 1860, le collège de cette ville ouvrait ses portes. « Mgr Cooke, lisons-nous dans l’histoire de ce collège, en a créé l’âme et l’honorable Joseph-Édouard Turcotte en a fait le corps. »

M. Philias Huot qui a entendu parler M. Turcotte nous en a laissé le portrait et l’appréciation suivante.[2]

« C’est lui qu’il fallait voir à la tribune.

« Trapu, brun, chevelure courte, mais abondante, la tête bien posée sur de fortes épaules, doué d’un organe dominateur, et des gestes comme devait en avoir Berryer.

« Il n’avait peut-être pas le savoir, le fini de la phrase d’un Laurier, ou d’un Chapleau, mais il revêtait dans toute sa personne un je ne sais quoi qui faisait éclater le coup de foudre du véritable tribun. Sa démarche, son torse léonin, la manière avec laquelle il se renversait en arrière, dans une attitude fière, croisant les bras sur sa vaste poitrine, le tout relevé par un regard provocateur qui

  1. Ext. d’un article de Meinier, pseudonyme de l’abbé Napoléon Caron.
  2. Le Monde illustré, 1901.