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Page:Audet - Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867), 1934.djvu/50

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À la grande assemblée de Saint-Charles, où on avait élevé une colonne surmontée du bonnet de la Liberté, et où le docteur Nelson déclara que le peuple devait s’organiser pour résister à la violence par la violence, Papineau parut et souleva un enthousiasme indescriptible. Il parla longuement aux applaudissements répétés de la multitude. Il conseilla aux gens de rester sur le terrain de l’agitation constitutionnelle. Mais à ce moment M. Nelson s’écria : « Eh bien ! non, je diffère d’opinion avec M. Papineau ; je prétends que le temps est arrivé de fondre nos cuillers pour en faire des balles. »[1]

L’auteur auquel nous empruntons ce détail, ne nous dit pas que Papineau ait rebuté le docteur Nelson pour ces paroles véhémentes, ces paroles séditieuses. D’autres discours tous plus violents les uns que les autres suivirent. Papineau fit-il quoique ce soit pour dissuader les orateurs de fomenter la rébellion ouverte ? Nul ne le dit. En tout cas, plusieurs prises d’armes eurent lieu et Papineau dut prendre le chemin des États-Unis pour mettre sa personne en sûreté.

Des États-Unis, Papineau passa en France où il demeura jusqu’en 1844, alors que La Fontaine obtint pour lui comme pour tous les autres rebelles, une amnistie pleine et entière. Il revint alors au Canada.

À peine était-il de retour — grâce aux bons procédés du nouveau chef des Canadiens — qu’il s’agitait de nouveau. Il se fit élire dans le comté de Saint-Maurice, le 24 janvier 1848 et il le représenta jusqu’au 6 novembre 1851. Aux élections suivantes, il se présentait dans le comté des Deux-Montagnes et il était élu, le 9 juillet suivant. Il se retira définitivement de la politique, le 23 juin 1854.

Quelle fut sa conduite en Chambre durant ces sept années ? Il se posa comme le chef du radicalisme et fit la lutte à La Fontaine. Il ne semble pas s’être aperçu du pas immense fait dans la politique canadienne durant son absence en Europe où la fréquentation de Lamennais, de Béranger et de Louis Blanc laissa son empreinte sur ses idées.[2] Il voyait tout en noir, et il fut

  1. L-O. David. Les Patriotes de 1837. 
  2. A.-D. De Celles — Papineau, p. 196.