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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/187

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de l’avenir. Tout ici est mon ouvrage, et tout date d’un jour. En vérité, il n’est pas jusqu’à ma petite rivière d’Hyères qui, soumise à des contours tracés de ma main, ne serpente comme si elle était l’œuvre de mon caprice. J’ai acheté cette propriété presque toute délabrée : c’était m’imposer l’obligation d’être tout à la fois mon architecte et mon jardinier ; professions délicieuses, seulement elles me coûtent un peu cher. Aussi appelle-t-on mes dépenses des folies ; mais pourquoi ne pas envisager ces folies ou plutôt ces distractions sous leur véritable aspect ? Je leur dois de me reposer par momens des fatigues de mon art ; je dirai même que mon art me les inspire en partie. N’est-il pas naturel de me voir apporter dans la vie privée un peu de ce goût dont le public me sait gré au théâtre ? On l’a dit mille fois : les arts forment une seule famille. L’acteur est peintre et poëte, comme le peintre et le poëte sont acteurs. Doutez-vous que Le Nôtre ne soit un grand poëte ? Ne reconnaissez-vous pas dans David faisant agir et penser ses personnages sur la toile, un talent dramati-