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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/195

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vière ; comme le poëte, je me gratte le front ; c’est le seul geste que je me permette, et encore vous voyez qu’il n’est pas des plus nobles.

« En général, quand je compose un rôle, soit dans une tragédie nouvelle, soit dans quelque pièce de l’ancien répertoire où je ne me suis pas encore essayé, je cherche à me pénétrer du caractère donné par l’histoire, non seulement au personnage que je vais représenter, mais à tous ceux qui autour de moi doivent en se mêlant à mon jeu concourir à l’action. Je m’occupe peu des dates ; toute mon attention se porte sur l’époque. La chronologie m’est inutile, mais personne mieux que moi n’a devant les yeux Manlius, Néron, Brutus, avec leur maintien, leur costume, l’expression de leurs figures. Je les vois agir et marcher ; je marche et j’agis avec eux. Au lieu de lire Tite-Live, Suétone et Tacite pour appeler avec eux Rome dans mon cabinet, je me transporte plein de leur lecture dans Rome même ; je deviens romain, je vis là comme dans ma ville na-