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tale. Je m’aide aussi de la fréquentation des statues du Musée ; j’étudie l’attitude de leur corps, jusqu’aux plis de leur toge, pour que les mêmes plis puissent se dessiner sur mes épaules, pour que la grâce de leur manteau de marbre puisse se reproduire dans mon manteau de laine ou de pourpre. Après une représentation de Manlius, j’ai reçu de David un éloge qui m’a singulièrement flatté : « À ton entrée sur la scène, me dit-il, j’ai cru voir marcher une statue antique. »

« Lorsque cette étude première est achevée dans ma pensée, lorsqu’elle m’a donné la physionomie, le caractère et jusqu’au costume du personnage, je me transporte en lui tout entier ; je me nourris de ses passions, je m’accoutume à sentir comme il sentirait s’il était vivant ; puis le soir, en présence du public, je laisse mon âme se développer, s’allumer, éclater dans cette grande figure que j’ai créée. Ce qu’on appelle mon talent n’est peut-être qu’une extrême facilité de m’exalter dans des sentimens qui ne sont pas les miens, mais que je m’approprie par