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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/200

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il y avait dans la manière dont Lekain prononçait ces mots : C’est ma mère, une expression de respect filial, mais en même temps d’impatience contre le joug de ce respect, qui égalait Lekain à Tacite. Comment, sans Monvel, aurais-je su cela, moi venu après la mort de ce grand acteur ?

— Vous avez raison, ces souvenirs, ces sortes d’initiations sont de véritables études. Sous ce rapport, il est tel homme qui vaut mieux qu’un livre. Je ne puis vous rendre un pareil service : je ne suis qu’un curieux, et dans notre conversation j’ai tout à recevoir, et rien à donner.

— Vous vous trompez : vous ne savez pas combien j’aime et combien m’est utile la jeunesse. À votre âge, l’âme est toute neuve : ni les grandes peines, ni les grandes joies ne l’ont rendue, à force de l’agiter, difficile à s’émouvoir encore. De son côté l’esprit est pur, les souvenirs du passé ne l’obstruent pas ; il apporte surtout une disposition bien essentielle pour seconder l’acteur ; il se livre