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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/199

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Que d’applaudissemens, que de couronnes dont le public m’a fait hommage devraient retourner au front de Lekain ! Monvel, par sa mémoire qui avait tout retenu, et par son intelligence qui avait tout compris, Monvel m’a révélé quelques uns des secrets de ce grand maître. Les vers admirables qui signalent l’arrivée de Néron et dénoncent si bien son caractère, je les dis avec les mêmes sentimens dont s’animait Lekain. J’ai cru devoir montrer seulement un peu plus de jeunesse et de colère ; mais ce n’est là que la teinte générale du morceau. L’agitation de Néron, tout ce qu’il roule de fureur dans son esprit et qui doit impressionner sa parole, son trouble, son désordre, l’impétuosité de ses désirs, tout cela est du Lekain. Lekain est le peintre, moi le graveur ; oui, le graveur, car je n’ai pas pu rendre avec mon trait d’emprunt toute la profondeur de la pensée sortie d’un tel pinceau. Par exemple, lorsque Néron dit à son entrée :

N’en doutez point, Burrhus, malgré ses injustices,
C’est ma mère, et je veux ignorer ses caprices.