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de paraître dans un rôle où elle était ravissante, celui de Salema. Pour ma part, je savais très-bien qu’en se présentant pour la première fois sur un théâtre ou ailleurs, ne fût-ce même que dans un salon, encore faut-il ne pas être obligé de jouer avec le plus de vérité possible la fatigue et l’accablement. C’est se montrer sous un mauvais jour, à moins que chacun ne sache d’avance que ce n’est point votre nature, mais un effet de votre art. Néron ou Hamlet n’ont pas ce désavantage : ces deux personnages annoncent ce qu’ils sont. Hamlet arrive poursuivi par l’ombre de son père : c’est toute la pièce, c’est tout le rôle d’Hamlet. Néron, en sortant de la coulisse, s’emporte contre Agrippine et contre Britannicus : c’est Néron tout entier, c’est le drame avec son action et son dénoûment prévus, la disgrâce d’Agrippine et l’empoisonnement de Britannicus. Voilà deux rôles sans préfaces. Pharan, au contraire, en a une ; Pharan ne se révèle qu’au moment où sa jalousie éclate contre le Persan Pharasmin. Tout ce qui précède est la préparation du carac-