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tère de cet Arabe, dont le cœur, ainsi qu’il le dit lui-même, est brûlant comme la pointe du rocher que le soleil dévore. Il y a dans chaque rôle, quand il est bien fait, deux à trois vers qui en sont la clef. C’est là ce qu’il faut savoir saisir. Je vous révèle un des grands secrets de mon art. Avant toute chose, quand j’étudie, je m’attache à ces vers ; quelquefois même ce n’est qu’un mot. Une fois ce mot trouvé, le reste n’est rien. C’est de l’argile : le rayon de lumière qui doit l’animer est à moi, je l’ai dérobé au ciel, c’est-à-dire à l’intelligence.

« Pour mettre un exemple à la suite de ces réflexions, je vous citerai Agrippine ; je la prends à dessein pour vous montrer que tous les rôles, hommes ou femmes, doivent être, d’après mes idées, soumis aux mêmes investigations. Agrippine est encore un de ces personnages que j’appelle tout d’une pièce ; Agrippine est le beau idéal de l’orgueil. Si elle n’en avait pas autant, peut-être aurait-elle moins d’ambition, car cette am-