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— Vous avez dû nécessairement subir l’influence du système tragique des Anglais, plus rapproché que le nôtre de la nature ; la révolution opérée par vous dans votre art n’a peut-être pas d’autre origine.

— L’origine en est ailleurs. D’abord j’ai été novateur, parce que je suis venu à une époque d’innovation. Mon siècle, en me rencontrant sous sa main, m’a pris comme un instrument ; ensuite il a fallu une circonstance. Je vous dirai comment elle s’est offerte. Jusqu’alors, comme tous les jeunes gens à leur début, je m’étais mis dans le moule vulgaire : nous jouions la tragédie comme on l’avait jouée avant nous : l’imitation remplaçait la nature. Plus on était un autre, plus on était content de soi. Ce qui surtout gâtait notre art, c’étaient les études historiques. Pour mon compte, je l’avoue, les Romains me semblaient hauts de plusieurs coudées. Rien de plus pompeux, d’après mes illusions, que leur langage. Aussi nous étions des rhétoriciens et non pas des personnages. Que de discours