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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/219

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ne m’y trompe point ; et cependant il y a dans ces mots : Vous frémissez, Madame ! un grand sentiment de terreur que je conçois sans pouvoir le rendre : mon âme est rebelle à mon intelligence. Dans mon obstination pour vaincre la difficulté, j’ai osé dénaturer les vers ; j’ai dit : Ah ! vous frémissez, Madame ! vain effort, inutile changement. J’ai prêté un vers faux à Voltaire, c’est tout ce que j’ai obtenu.

« Voici un autre exemple où le succès m’a pleinement satisfait. Je cherchais depuis long-temps à peindre l’ennui de Néron dans la scène où Agrippine vient lui rappeler longuement qu’il lui doit l’empire, lui le plus ingrat des hommes. Il est évident que Néron n’écoute pas sa mère ; il pense à autre chose, ou plutôt il ne pense à rien : il est obsédé. Comment rendre cela ? comment le traduire en geste ? J’essayai, à une représentation, en écoutant Agrippine, de promener de tous côtés ma vue distraite. Quelques amis, après le spectacle, me demandèrent ce qui m’avait préoccupé pendant cette scène, et pourquoi