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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/225

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ment sur les imaginations, il éteignait toutes les lumières. De même que les fantômes dont il se constituait l’historien, il avait besoin de ténèbres. Au reste, c’était là pour lui plus qu’un amusement : il cherchait à dominer par la peur. Il ne fait pas autre chose encore aujourd’hui, demandez aux rois de l’Europe ! Ce sont de terribles fantômes que les grenadiers de la garde ! Mais c’était principalement dans ses observations sur mon jeu qu’il ne m’épargnait pas, alors, comme depuis, que brillait sa sagacité. Il me disait un jour : « Il y a un grand vide dans la tragédie française ; aussi, jusqu’à présent, la tragédie sur notre théâtre, sauf quelques rares essais, est demeurée grecque et romaine, et ce vide d’où vient-il ? de l’absence complète d’une pensée supérieure à l’action dramatique, ou, si vous aimez mieux, d’un ressort caché qui fasse tout mouvoir. Les anciens avaient la fatalité, à laquelle leurs dieux mêmes étaient soumis, et cette intervention était toute naturelle, puisque les événemens de leurs drames se mêlaient à leur religion. Chez nous il n’en est pas de même : il existe