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— Qu’est-ce donc alors ?

— Un travail scénique. Ces légères altérations ne changent rien à la clarté de la pensée ni à l’éclat de l’expression ; elles n’ont pour objet que les sons. Il ne s’agit point du charme de la poésie, mais bien du mécanisme du langage. Je ne suis pas seulement acteur et poëte, je suis aussi musicien. Pour pénétrer jusqu’à votre âme et lui faire sentir mes impressions d’amour, de terreur ou de pitié, il faut que je commence par m’emparer de tous vos sens qui seuls peuvent m’ouvrir passage jusqu’à elle. Quels sont mes moyens ? le geste et la physionomie qui s’adressent à vos yeux, la voix et la diction qui vont à votre oreille. Or, cette voix est remplie de modulations plus ou moins sonores ; cette diction rencontre des mots plus ou moins propres à se mêler ensemble ; ces gestes sont plus ou moins moelleux et cadencés, si j’ose m’exprimer ainsi. C’est là précisément à quoi il faut veiller pour qu’il y ait et dans le geste, et dans la voix, et dans la diction, un attrait irrésistible et si doux que vous ayez du plaisir à me laisser gouverner