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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/238

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toutes vos sensations. Il n’y a pas à dire, quand j’ai besoin de vos larmes, il faut que vous pleuriez.

« Cette harmonie du langage est une chose à part, tout-à-fait distincte de l’harmonie du style. Celle-ci regarde l’écrivain ou le poëte, l’autre me concerne : c’est mon lot, et il est pénible, je vous assure ; notre langue est quelquefois si rude, si rebelle ! elle se compose de tant d’élémens divers ! Ouvrage du nord et du midi, elle se ressent de cette double origine. Songez que les Romains nous sont arrivés d’un côté avec leur langue latine belle et si riche ; puis après eux l’Italie nous a donné quelques uns de ses mots amoureux et suaves. Par l’autre extrémité sont venus les Francs avec leur parole âpre et barbare. En vérité, si quelque chimiste décomposait notre langue comme il décompose les métaux, nous verrions quel prodigieux mélange de mots et de sons, appartenant à des peuples étrangers les uns aux autres, se combinent dans notre bouche. Eh bien, ce chimiste, c’est moi. Quand je prends un rôle, mon pre-