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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/245

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Voltaire n’avait pas le temps de relire, moins encore de refaire.

« En général, je n’aime pas beaucoup à jouer son théâtre. Dans Œdipe, dans Arsace, dans Brutus de la Mort de César, il me met à l’aise, il ne contrarie pas ma nature et mes idées. Passionné parce qu’il a sous sa plume de fortes passions à peindre, il s’oublie, et, n’étant plus lui, il est le personnage. Mais dans ses autres ouvrages, c’est sa personne qu’il met en scène, et c’est sa philosophie qu’il débite au parterre. Mahomet et Gengiskan ne sont que des prête-noms. Toute cette déclamation, quoique très-brillante, très-élevée, me rend lourd et fatigant. Non que je veuille en faire un reproche à ce grand homme : il avait une mission à remplir, et il s’est servi du théâtre comme d’une chaire pour éclairer les hommes, pour faire marcher d’un pas plus hardi la civilisation sous la garde de la philosophie. C’était beaucoup d’aller parler à chaque intelligence dans le réduit silencieux d’une bibliothèque ou d’un cabinet. Mais c’était bien autre chose de les