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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/251

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çaise se serait-elle accommodée de la grossièreté des mœurs d’une époque où les Grecs étaient encore si éloignés de la civilisation de Périclès, si éloignée elle-même de la civilisation de Louis xiv. Racine a agi avec son goût, qui était l’une des grandes parties de son génie : aujourd’hui il se permettrait davantage. Si nos mœurs sont toujours un peu molles, notre esprit est plus mâle ; il est moins exclusif. Mais ce qu’il n’a pas dû faire, moi je l’essaie. J’étudie son Achille, non dans la tragédie, mais dans l’Iliade. Il ne s’est pas tellement brouillé avec Homère qu’on ne puisse les réconcilier. Entre un sultan et Orosmane, il n’y a plus aucune ressemblance ; mais il y en a une très-grande entre l’amant d’Iphigénie et le vainqueur d’Hector.

« J’agis de même avec Ducis. Dans son Macbeth il a été sans doute d’une grande hardiesse. Songez-y donc ! mettre sur notre théâtre une somnambule venant à la clarté d’une torche, armée d’un poignard, égorger son propre fils : cela est terrible. Shakespeare l’est davantage. Aussi c’est avec une étude