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sans t’égarer le but de toute industrie : le repos dans l’aisance. »

« Il expira.

« Le dernier conseil de mon père étant pour moi une chose sacrée, je me livrai, malgré mon affliction profonde, aux soins de mon commerce.

« Ma vie sans événemens marchait uniforme et douce. Si j’avais à raconter toutes mes journées, je ferais au hasard le récit d’une seule. C’était là mon bonheur. On peut appliquer aux hommes ce que l’on a dit des peuples : leurs désastres sont plus bruyans que leur prospérité ; aussi les plus courtes histoires sont les meilleures.

« Je sortais rarement. Je ne fréquentais personne. Cependant, le ciel en soit loué, j’avais toujours chez moi nombreuse compagnie : c’étaient les acheteurs.

« À cette époque, un nommé Gavino vint loger en face de ma demeure. Ayant pour revenu trois cents piastres bien comptées, il vivait dans l’oisiveté ; elle était même pour lui le résultat d’un système. Il prétendait que les plantes offrant dans la nature