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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/27

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l’existence la moins tourmentée, précisément parce qu’elles sont privées de toute action, il fallait leur ressembler le plus possible. Un peu de promenade, c’est tout ce qu’il se permettait. Après nous être d’abord salués, nous avions échangé quelques paroles. Quand je l’eus une fois prié d’entrer dans ma boutique, la politesse l’y ramena ; puis l’habitude ; bientôt enfin ce fut l’amitié.

« Un jour il me parut rêveur. « Qu’est-ce, lui dis-je ? — J’ai besoin de vous parler. — Faites ; notre voisinage est presqu’une parenté. — Faut-il vous l’avouer ? la solitude est trop vide pour moi. Quand je vous quitte, je suis tellement seul, que je ne me trouve plus moi-même. Cela m’a donné quelque désir de me marier. » À ce mot je le regardai. « Oui, voisin, poursuivit-il, on m’offre la main de dona Teresa. Elle a quinze ans ; sa dot est assez forte pour doubler ma fortune. Veuillez me conseiller avec une franchise que l’amitié rend facile, que je vous rendrai bien commode, tant je suis résolu d’avance à vous céder. — Vous l’exigez ? — Absolument. »