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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/261

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chant plus triste que les sons du serpent, mais avec les tons harmonieux de la voix humaine ! Quelque jour je vous réciterai l’une des oraisons funèbres de Bossuet. J’en sais plusieurs, sinon entières, du moins par longs fragmens. Que je vous raconte à ce sujet une anecdote : je me trouvais à Lyon en même temps que Mme de Staël. Un soir chez elle l’assemblée étant comme de coutume et brillante et nombreuse, on désira m’entendre. Pendant que je me recueillais un instant, un vaste cercle se forma autour de moi. On se préparait à écouter Égisthe ou Cinna ; jugez de la surprise générale lorsque je me mis à dire :

« Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui appartient la gloire, la majesté et l’indépendance… »

« J’achevais à peine ces premiers mots, qu’un murmure glissa jusqu’à mon oreille. C’était l’expression involontaire d’un désappointement : on aurait volontiers imposé silence à Bossuet pour donner la parole à