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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/262

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Corneille. Je n’en continuai pas moins. Peu à peu le calme se rétablit ; je m’emparai de l’attention, et lorsque j’en vins à ce sublime passage :

« Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines : la félicité sans bornes aussi bien que les misères… »


je sentis que j’allais obtenir un de ces triomphes qui me rendent mon art si cher. Cette soirée se passa toute en surprise. Après avoir fait entendre l’orateur, je ne voulus pas refuser de montrer le tragédien. Savez-vous quel rôle je choisis ? celui de Phèdre. C’est le plus beau et le mieux fait que je connaisse. L’amour criminel de Phèdre, parcourant tous les degrés et ne se consolant que par le suicide de n’avoir pu se perdre dans l’adultère, forme un drame complet : c’est la vie entière d’une passion. Pardonnez à mon orgueil de tels souvenirs, ce fut encore un triomphe. Ces soirées se renouvelèrent. Elles m’ont valu de Mme de Staël des lettres bien capables de m’enivrer. Ces lettres me sont