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portera vite en Italie, pour qu’elle se répande de là dans toute l’Europe.

En l’apercevant, l’héroïque Italie le salue comme l’un de ses souvenirs : il passe, il va plus loin, il va s’incliner devant Thèbes. Privé d’aïeux, il songe à s’en donner d’une étrange sorte, en attachant son nom aux plus vieux monumens du globe. « Du haut de ces pyramides, dit-il à ses soldats, quarante siècles vous contemplent », et ces quarante siècles auxquels il se mêle deviennent à sa voix sa conquête, si ce n’est son héritage.

Cependant la France menacée l’appelle : dès qu’il paraît, tous cherchent un abri sous les replis de ses drapeaux chargés de victoires. Accueilli comme un espoir, comme une nécessité, l’admiration et la peur lui fraient les voies du rang suprême, qu’il prend d’assaut à Saint-Cloud, peut-être avec les canons de Saint-Roch. Ne croyez pas que l’ardeur qui de lieutenant l’a fait général, et de général, consul, se soit éteinte : il devient empereur ; ce n’est pour lui qu’un grade de plus. Monté si haut, il voit plus loin, et veut avoir tout ce qu’il voit. Grand