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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/30

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qu’à l’église un parent de la mariée, homme fort érudit, fort savant, m’avait appris que ce costume était exactement celui des jeunes filles que l’on sacrifiait dans les temples de l’antiquité. Ma pensée, loin de s’arrêter sur cette parure des victimes, se laissait distraire par le voluptueux Fandango dessinant ses pas aux sons de la castagnette. Si bien qu’en rentrant chez moi ma maison me sembla plus grande. Je rêvai sans le vouloir à ce mot de mariage pour moi jusqu’alors sans magie ; mais le sommeil traita toutes ces idées comme une ivresse : il les dissipa.

« Je voyais Gavino moins souvent. Le plaisir ou le souci, on ne sait jamais bien lequel quand il s’agit de mariage, le retenait chez lui. En peu d’années il était devenu père de deux fils. L’aîné avait été nommé Pedro ; le second reçut le nom de Fabrice. À la naissance de ce dernier, je dis à mon voisin : « Cher Gavino, la fécondité de votre Teresa peuple la solitude dont vous vous plaigniez. L’ennui ne vous chasse plus du logis. — Non, me répondit-il ; mais l’ennui en s’en allant a laissé la porte ouverte au chagrin. »