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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/311

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même où l’on construisit plus tard la Chartreuse, des bandits s’étaient casernés dans une église abandonnée, vieux reste d’un couvent des Templiers entièrement détruit. Tout voyageur que menaçait leur poignard avait beau crier miséricorde ; après l’avoir dépouillé, on chargeait la Durance d’aller porter son cadavre dans le Rhône : aussi disait-on de toutes parts que c’était un mauvais pas à traverser.

Ces brigands finirent par devenir si audacieux qu’au lieu d’attendre les voyageurs, ils allaient à leur poursuite ; même parfois, la nuit, ils pénétraient dans les villages, où l’on sonnait contre eux le tocsin.

Voilà qu’un jour les moines arrivèrent ; ils avaient à la main la truelle et la bêche ; ils bâtirent, ils labourèrent. La Chartreuse se développa magnifique sur la montagne ; les moissons jaunirent dans la vallée ; de vingt lieues à la ronde on accourait pour profiter de ces richesses payées par les chartreux au prix de leurs sueurs.

Les bandits, on le devine, avaient pris la fuite, chassés par la civilisation mieux que