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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/313

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la recherche de tout ce qui reste de Bonpas, — Et tu viens à moi ? tu ne t’es pas trompé. Quelques débris, voilà tout ce qu’a laissé le grand édifice ; un vieillard, autre débris, voilà la fin de trois cents religieux. L’Éternel l’a voulu ; soumettons-nous, soit que, pour détruire un cloître, il laisse tomber du haut de l’immensité un regard sur l’herbe, soit que, pour renverser un empire, il écrive l’arrêt sur le front de l’univers. — Quoi ! tous vos frères, tous ? — Quand ils eurent mis le pied hors de l’enceinte sacrée, on les crut dans le monde ; ils étaient dans la tombe. Moi, j’ai bâti cet ermitage d’argile, pour me tenir lieu des marbres de la Chartreuse. En venant ici, j’avais placé un crucifix sous mes vêtemens : car alors, mon fils, il fallait cacher Dieu.

— Daignez, mon père, me suivre à cette Chartreuse tant regrettée. Mon âme se remplirait d’ineffables délices, si vous m’aidiez à visiter chaque pierre, si vous reconstruisiez devant moi le palais aux belles croix d’or, si vous le décriviez tel que vous le vîtes aux jours où, dans sa splendeur, toutes les