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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/322

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rains, eussent déployé la bannière féodale, la révolte, plus ardente, plus prompte, pouvait avoir levé son bras et lancé contre le trône son croc de fer. J’y songeais, en contemplant un jour, dans la chapelle de Gavarnie, aux bords du Gave, cinq têtes de templiers, rangées sur la même pierre, depuis l’heure, dit-on, où, le bourreau les ayant jetées, on les ramassa sanglantes, laissant au temps le soin de les sécher.

Ce triste spectacle me rappela l’un de ces abîmes légués par la politique à l’histoire, mystère dont les ténèbres s’obscurcissent au lieu de s’éclaircir par les accusations étranges dont on chargea les malheureux chevaliers. Ces orgies en présence de la croix du Seigneur, ces autels profanés, ce culte à des divinités bizarres ; tout ce luxe de débauches qu’on leur prête, révolte et ne persuade pas. On les fit coupables pour se donner contre eux une apparence de justice ; on les fit sacrilèges pour rendre leur supplice populaire dans un siècle superstitieux. Mais que cache-t-il donc, cet infernal procès ? Le voici : la puissance des templiers